SAISON 2016 / 2017

Buffles, une Fable urbaine

de Pau Mirò

 

Mise en scène : Edouard Signolet
Traduction : Clarice Plasteig

Avec Amaury De Caryencourt, Nicolas Gaudart, Véronique Lechat, Clarice Plasteig, et Marion Verstraeten.

Buffles  est une fable d’une grande sensibilité, écrite par Pau Miró, auteur phare du théâtre catalan.
Dans ce texte tout en mystère et en délicatesse, le jeune auteur superpose la société humaine et la sauvagerie animale pour conter un drame familial universel. Entre conte métaphorique et récit réaliste, il tisse une histoire troublante qui évoque la difficulté de grandir sans modèle parental, dans la jungle des villes comme dans celle des fratries.
Dans un quartier difficile, une famille de buffles tient une blanchisserie. Une nuit, l’un des fils disparaît pour ne jamais revenir. La mère, incapable de surmonter cette absence, quitte le foyer à son tour. Puis le père, qui semble porter un lourd secret. Les cinq enfants laissés seuls vont devoir apprendre à se débrouiller, à faire avec le manque, la solitude, l’agressivité. Pour trouver leur place dans un monde de plus en plus hostile. Pour devenir adultes.
Les cinq comédiens dirigés par Édouard Signolet interprètent ces animaux instinctifs et brutaux, protecteurs et puissants, en jouant au plus près du public. Les frontières entre la scène et la salle s’effacent, pour mieux faire résonner en chacun de nous les questions universelles posées par cette drôle de famille.

Dates de tournée 2016 / 2017
Interview du metteur en scène

Les fables urbaines de Pau Miro se composent de trois pièces, inscrites dans l’univers de la famille, « Lions », « Girafes » et « Buffles ». Pourquoi avoir choisi « Buffles » ?

 

Edouard Signolet : Le texte m’a été apporté par Clarice Plasteig, la traductrice, elle avait la conviction que ce texte était pour moi. La problématique de l’adolescence, de l’émancipation, la thématique du « grandir » sont des thèmes récurrents dans mon travail. De plus la forme : conte, fable, sont également des formes qui me plaisent et sur lesquelles je travaille régulièrement. Je n’ai pas souhaité mettre en scène les deux autres car leurs formes me paraissaient plus classiques. Les auteurs que je mets en scène questionnent en général le théâtre et la parole théâtrale. Buffles, par sa langue, par sa liberté poétique, par la non distribution de la parole engageait un travail nouveau, il me permettait d’interroger mon rapport au spectateur, mon rapport au théâtre.

 

Combien de temps avez-vous mis pour créer « Buffles » ?  Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les différentes étapes de travail, depuis la maquette jusqu’à la première ?

 

E.S : Cette production a été un long chemin, tout d’abord en 2012 nous avons engagé avec l’Institut Ramon Llull un premier travail de lecture. En 2013 nous avons participé à l’appel à projet pour la coproduction du Groupe des 20 Théâtres en Ile-de-France, pour lequel nous n’avons pas été retenu, mais qui avait suscité un vif intérêt. Puis en 2014 un travail de mise en espace à Théâtre Ouvert pour relancer la production. Nous avons présenté un extrait aux plateaux du Groupe des 20. Le jour où nous avons étions presque persuadés d’abandonner le projet, le Groupe des 20 a souhaité le coproduire. C’était quasiment magique ! Puis ensuite la production s’est mise en marche épaulée par le Théâtre Romain Rolland et le G20. Nous avons effectué une première résidence à Guyancourt chez Yoann Lavabre puis une deuxième résidence de création au Théâtre Romain Rolland avec le décor, puis la première.

 

Comment avez-vous travaillé sur cette création ? Etait-ce différent de vos précédentes mises en scènes ?

 

E.S : Mon travail de metteur en scène n’a pas été vraiment différent, je mets toujours l’accent sur le travail corporel et sur la rupture de rythme, sur la jubilation de l’acteur. Cette dramaturgie poétique nécessitait plus de silence, plus de lenteur et d’étrangeté c’est vraiment ce que je mettrais en avant en terme de vraie différence de travail. La deuxième différence était le travail à la table, en général nous cherchons sur le plateau, le travail dramaturgique se fait avec le corps. Ici, n’ayant pas de distribution de la parole et de rôle, il fallait un travail à la table plus long, se donner avec les acteurs des premiers enjeux de distribution et de paroles. Il fallait créer des personnages.

 

Quels sont les apports du Groupe des 20 dans le processus de création ?

 

E.S : Un vrai confort de création, je retrouve avec le Groupe des 20 un vrai soutien, une vraie aide et c’est très agréable de se sentir soutenu par plusieurs lieux.

 

Et du producteur délégué, Le Théâtre Romain Rolland ? Est ce votre première  expérience en terme de délégation de production ?

 

E.S : Comme pour le Groupe des 20 c’est un vrai confort de création, on s’occupe de nous, il y a un vrai dialogue qui s’installe. La vraie différence est que l’on ne se sent pas seul à défendre une création, l’ensemble du théâtre est impliqué du début à la fin, ils organisent également la diffusion, ce qui est extrêmement précieux. Ce travail pour les compagnies est souvent fastidieux et lourd, ici nous sommes accompagnés et aidés.

 

Pouvez-vous nous parler de la scénographie, mais aussi des choix musicaux ?

 

E.S : La scénographie est en apparence simple, un carré rempli de terre battue ocre. Au centre un vestige de sol de laverie perdu dans cet océan de poussière. En hauteur, suspendus, 4 néons symbolisant également les ruines d’une laverie. Cette scénographie représente plusieurs choses, la brutalité de la terre, la biologie, l’instinct animal. En bougeant, mes Buffles font de la poussière ; poussière du souvenir, il soulèvent les ruines de leur passé commun et produisent un voile rendant mélancolique et poétique cette scénographie initialement brute. La musique de Mélie Fraisse va dans le même mouvement : À la fois brutale et instinctive avec l’utilisation des infrabasses, celles-ci rappellent la charge d’un troupeau. Mais elle est aussi aérienne et poétique avec l’utilisation du violon et de la voix.

 

La scénographie et la musique induisent un double mouvement :  signifier la brutalité instinctive des animaux in extenso ceux des rapports humains, mais également la poésie mélancolique du souvenir. C’est  l‘alliance de la force brute, primaire et du flou poétique qui est l’essence même du souvenir.

 

Quelle place à la création de « Buffles » dans votre parcours professionnel ? Et quels sont vos projets pour après ?

 

E.S : Mon travail, de façon générale possède une tonalité ludique et joyeuse, teinté souvent d’humour noir et grinçant, le rire est souvent une arme que j’utilise énormément pour faire passer des idées et créer du théâtre.

 

Buffles est une œuvre plus sensible, plus poétique. Le rire et l’humour, même s’ils sont présents par petites touches, ne sont pas l’axe de l’auteur. C’est donc un travail plus sensible que j’ai engagé et en ce sens Buffles à une place particulière.

 

En opéra, je suis en train de préparer La recréation d’Alice, opéra qui a été créée en juin dernier à la Philharmonie de Paris, en janvier je serais avec “Les Frivolités parisiennes” pour un opéra bouffe   Le petit duc qui sera joué à l’opéra de Reims. En théâtre, je souhaite mettre en scène d’autres textes de Jonas Hassen Khemiri, auteur que j’ai déjà monté à Théâtre Ouvert.

 

En écriture, je planche sur Les contes du graal, pour le jeune public.

 

 

 

Télécharger le dossier du spectacle

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